L’architecture et le travail de ses praticiens sont soumis de manière récurrente et accélérée à l’objectivation de leurs qualités. Est-ce que les concepteurs ont déjà réalisé ce type d’ouvrage ? Est-ce que telle norme environnementale est bien respectée ? Est-ce que le plan de l’édifice est conforme à son organigramme, figé à un instant et pour un usage précis ? Est-ce que le quota de matériaux vertueux a bien été respecté ? …
L’architecture est une discipline ancienne dont les permanences nécessitent d’être valorisées au-delà de seules réponses aux injonctions normatives et conjoncturelles, notamment l’attention que les concepteurs portent à ce qui préexistait avant leur intervention, leur attention aux proportions, à la figure du plan comme à la construction.
À l’invitation des organisateurs, notre jury a décidé, de manière collégiale, de préciser les quatre lettres S, M, L, XL popularisées par Rem Koolhaas dans son célèbre ouvrage paru en 1995. Suite à de riches débats, nous avons proposé pour cette édition du PRAd’A 2022 une définition souple des catégories afin que la grande diversité des projets soumis ne soit pas organisée seulement selon des données objectivables, mais aussi pour garantir la liberté d’évaluation et dessiner des contours singuliers témoignant d’intensités de projet variées face aux situations préexistantes.
S : Réparer
Certaines situations banales d’abandon, de déclassement, ou parfois de préjudice, nécessitent un travail de réparation ou de rétablissement
d’un état antérieur. Nous avons valorisé ces travaux difficiles et patients, à distance du spectaculaire qui visent au maintien en bon état d’usage d’ouvrages dans un temps long, qui sont essentiels à la constitution culturelle des paysages.
M : S'adapter
Quelles valeurs contemporaines convoquer lorsqu’il s’agit d’imaginer l’expression d’une construction neuve en s’appuyant sur un bâti ou un paysage préexistant ? S’adapter convoque l’idée selon laquelle l’expression contemporaine de l’architecture s’envisage au prisme d’une économie de moyens.
L : Transformer
Le stock de constructions humaines existantes est un gisement immense à transformer pour faire face à la raréfaction des ressources matérielles comme énergétiques. L’art de la transformation est une discipline ancienne qui nécessite culture, savoir et savoir-faire. Nous avons mis en avant la capacité de certains concepteurs à accompagner le changement d’état d’édifices ou de sites.
XL : Renouveler
En empruntant ce terme trop souvent dévoyé, il s’agissait, pour nous, de distinguer la capacité des concepteurs d’un édifice ou d’un aménagement urbain ou paysager totalement neuf à prendre en compte ses différentes échelles : territoire, forme, usages et construction.
L’ensemble des membres du jury se joint à moi pour vous souhaiter de belles découvertes,