Les vestiges du patrimoine industriel du site apparaissent aujourd’hui comme une concrétion d’objets, aux géométries variées, dont le sens nous échappe. La Maison des écluses fait face à huit silos qui culminent à 36 m. Ils sont gagnés par le lierre qui en érode le béton, le teinte au fil des saisons.
Les nouvelles constructions sont articulées autour du jardin des silos, pièce maîtresse du projet qui en constitue la toile de fond. Des strates de couvre-sols parsemés de pervenches, fougères et arbustes, émergent les pins-parasols, saules blancs et quelques cordylines géométriques. Cette allégorie de forêt des Landes se ramifie en un parvis, une place, une sente paysagère… espaces communs donnés à la ville.
L’hôtel 3* lie les Bassins au jardin. Les clients de l’Hôtel 4* remontent le temps en traversant deux des silos – le premier évidé, comme rendu à la nature ; le second, protégé par une membrane et rendu visible à travers oculus, accueille le lobby. Le jardin des silos se dévoile à travers une galerie de verre, dont les baies coulissent pour prolonger le café dehors. Pendant cristallin des silos, la faille de l’hôtel et ses ascenseurs cadrent un travelling vertical entre jardin et ville qui mène aux chambres, restaurant et spa sur toit. Bordés d’une terrasse panoramique, ces programmes publics se déploient vers la Garonne et le vieux Bordeaux.
Aux usages répond le système constructif qui modèle sobrement les façades, déclinant des assemblages frugaux de béton. L’allège est abaissée pour permettre à l’hôte de contempler le paysage depuis son lit, comme appuyer une table et banquette sous la fenêtre. Les espaces publics sur les toits se distinguent de cette architecture par leur matérialité de métal et de verre, leurs toits en sheds.
L’architecture incarne une forme d’atemporalité, un déjà-là. Elle s’abandonne à la végétation du jardin, disparaît derrière les reflets des menuiseries, sous-faces miroir et derrière les usages. C’est une architecture de l’effacement.