L’acte de construire laisse toujours des cicatrices.
Les terrassements, démolitions, saignées, défrichages et autres passages d’engins laissent inévitablement des traces que nous nous attachons tous à limiter du mieux que nous le pouvons. Nous recherchons ainsi sans relâche des niveaux de références auxquels se raccrocher, intégrons au mieux nos bâtiments, nous remblayons, raccordons, replantons, reconstruisons…car il est entendu que le jour de la livraison, l’objet livré devra donner le plus possible un sentiment de « déjà là ».

La « maison au fond du jardin », contenait déjà en creux dans son intitulé -tiré de la première prise de contact avec la maîtrise d’ouvrage- le reflet de cette préoccupation.
Cependant, peut-on réellement « reconstruire »…un bosquet ?

projet se situe sur une propriété caractéristique du quartier de Chiberta à Anglet.
Ce quartier résidentiel, gagné au fil des ans sur la forêt du même nom se distingue par un parcellaire fait de grandes emprises privées traitées comme des parcs enserrant de grandes maisons bourgeoises.
Cette maison nous a été commandée par une dame qui souhaitait y loger son ancien mari afin qu’il puisse continuer à habiter près de ses enfants malgré la séparation. Une maison au fond du jardin donc, mais bien au fond, nichée au coeur d’un épais bosquet et « présentant si possible une façade aveugle du coté de la demeure familiale ».

Plutôt que de dessiner une maison totalement refermée sur elle-même et entourée de grands murs, nous avons recherché des solutions permettant à chacun de vivre indépendamment, tout en laissant le champ libre à d’autres pistes de réflexion, telles que celle d’un architecture du temps long se fondant petit à petit dans la végétation ou celle de la recherche d’un dialogue ténu entre les façades de la maison existante et celles du projet.